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Cette fois, le silence, c’est moi-même qui le laisse se prolonger peut-être plus que nécessaire. Je suis à court de mots, moi de tout le monde. Oui, on peut dire que ça ne me ressemble vraiment pas. Je n’y avais pas pensé, à cette « variable ». C’est vrai que Messire Zero est à compter dans l’histoire, c’est vrai que Maître Baal n’est pas Empereur non plus. J’ai mal choisi mes encouragements. Qu’est-ce que je suis censé dire maintenant ? Comment puis-je rattraper ça ? Je ne sais pas, honnêtement. Quel genre d’ami suis-je si je ne peux même pas le soutenir comme il se doit, en ce moment ? Ça fait mal, ce pincement au cœur surgissant de nulle part à ses derniers mots. Est-ce vraiment obligé d’en arriver à de telles extrémités ? Je ne suis même pas sûr que ça changerait quelque chose.
Tendant ma main dans sa direction, je me rétracte bien vite en réalisant le sens qu’il pourrait avoir. Le sens que le Seigneur Baal pourrait lui donner. Réconfort ? Pitié ? Ce n’est pas ce que voulait signifier ce geste, et certainement pas la deuxième possibilité ! Juste une forme de présence ? Lui faire comprendre qu’il n’est pas seul et qu’il y aura toujours une personne qui ne le haïra jamais ? Je ne sais pas trop, mais c’était du soutien, que j’espérais transmettre. En tant que vassal, et surtout en tant qu’ami, je ne le laisserai pas tomber ! Je ne l’abandonnerai pas ! Je le suivrai jusqu’au bout ! Tout en veillant à ce qu’il évite les mauvais choix ! À moins que ce ne soit véritablement nécessaire.
Recouvrant doucement mon sourire enthousiaste habituel, je quitte la lueur chaleureuse des lucioles du regard pour relever les yeux vers lui. Si le pessimisme me gagnait également, sur qui le jeune prince pourrait compter pour le soutenir, après tout ? Je ne vais pas me laisser abattre aussi facilement, moi ! Je lui souris, rassemblant tout mon optimisme éparpillé ici et là après le coup un peu démoralisant.
« Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’en arriver là ! Vous faire haïr, je veux dire ! C’est vrai que Messire Zero est là, et rien ne pourra changer ce fait. Mais vous devez persévérer ! Continuez à leur montrer votre force et votre dévouement ! Je sais que vous pouvez le faire ! Ça finira bien par porter ces fruits ! »
Souriant toujours, je penche légèrement la tête sur le côté. Je ne suis pas certain que mes encouragements suffiront, quand j’y pense. Je dois finir par tomber dans une sorte de boucle répétitive et lassante. Mais j’aimerais vraiment que ça atteigne un peu le cœur de mon ami princier, et pas juste qu’il écoute mes divagations pour s’occuper ou quelque chose ! Quoi qu’il me ferait plutôt taire si ça l’ennuyait réellement !
« Ah ! Et si je peux toujours donner mon avis… pour moi, aller jusqu’à vous faire haïr ne me semble pas une bonne idée… au contraire, je pense que vous risqueriez de perdre le respect des gens, et ça ne serait probablement pas bon du tout… mais c’est juste mon avis, bien sûr ! »
Je me frotte l’arrière de la tête à la fin de ma déclaration, un peu neveux à l’idée d’avoir exposé un avis opposé de la sorte. D’autant plus que j’ai peut-être encore parlé trop vite à nouveau sans réfléchir ! À l’ensemble des circonstances, de la situation, et tout !
Myo
NIVEAU 1
25/11/2018, 03:16
Baal
Chasse aux lucioles
Myo
Silence. Silence lourd et pesant, aussi pesantes que sont mes pensées en ce moment. Douter ne fait pas partie de mon caractère. Je suis d’un naturel fier et confiant, surtout en ce qui concerne mes capacités. Je les connais, je connais mes forces et mes faiblesses, par cœur et mieux que quiconque. Je sais parfaitement que j’ai des difficultés à me montrer affable et bienveillant. J’ai des difficultés à démontrer que tout ce que je fais, tout ce que je suis, c’est avant tout pour ma nation. Pour Nael. Pour son peuple fort et fier. Pour que la grandeur de ma patrie rayonne et éclipse sa voisine. Est-ce si difficile à comprendre ? Est-ce si difficile à deviner ? Est-ce difficile au point de concevoir même l’idée que je ne sois pas le bon candidat pour prendre la succession de Père... ?
Stupide conclusion.
Stupide et rangeant conclusion.
Ah... mais s’il avait raison ? J’ai beau bouillonner intérieurement, les mots de mon vassal me parviennent toujours. Je sais qu’il doit être à mille lieux de s’imaginer avoir ce genre de discussion avec moi un jour, mais malgré tout, il ne botte pas en touche. Il aurait pu juste sortir un ‘Voyez avec votre Mère’, et tout aurait été clos. Mais non. Ce n’est pas son genre. Ce n’est et ce ne sera jamais son genre, hm ? De tous mes vassaux -ou candidats vassaux-, il est le seul à qui je laisse le droit de me parler franchement. Le seul avec lequel je partage ces mots également... Suis-je à la recherche d’un certain réconfort ? A la recherche de cette main qu’il me tend sans arrêt et que je repousse sans toujours le vouloir ?
Je ne sais pas. Je ne sais pas toujours ce que je veux. Tout ce que je sais pour l’instant, c’est que ses mots sonnent affreusement justes.
J’ai toujours pensé ainsi. J’ai toujours pensé que mes efforts me seraient récompensés. J’ai toujours fait énormément d’effort pour être digne du trône. Si lui le voit... est-ce que d’autres aussi peuvent le voir ? Est-ce seulement possible quand je passe trop de temps à intriguer au sein de mon royaume ? Peut-être ? Peut-être qu’avoir l’aval du peuple serait un plus non négligeable. Je l’ai. Faiblement, très faiblement, mais j’ai le soutien de quelques gens. En accordant ma protection et le fait de fermer les yeux à cette femme... Oui.
Est-ce si facile que cela ?
Je ne sais pas. Mais je crois que Myo a raison. Me mettre à dos le peuple ou n’importe qui dans l’unique but d’avoir le pouvoir... serait idiot. Très idiot. L’histoire nous a appris que cela n’apporte rien de bon.
« Je pense... que tu as raison. »
Petit à petit, je commence à me détendre. Très franchement, je n’attendais rien de cette discussion, si ce n’est évacuer mes frustrations. Mais... force est de constater que mon vassal a encore su trouver les mots.
« J’ai toujours pensé, et je pense toujours que je dois tout faire pour me montrer digne de la fonction. Même si je suis né pour hériter de l’Empire, je sais que je dois faire mes preuves pour me montrer digne de lui. »
En continuant à prouver, à montrer ce que je suis, je pourrai m’imposer comme le seul et unique candidat légitime. Que ce soit auprès de Père, auprès de ses conseillers ou auprès du peuple. En somme, je dois apprendre à redorer mon image. Chose fort peu aisée.
« Mon plus gros souci reste mon image et l’image que le peuple a de moi. Je ne suis pas exactement bienveillant, mais ce que je fais, c’est pour l’Empire. » Je marque une pause, pensif, avant de reprendre. « Comment faire pour qu’ils me voient comme toi tu me vois ? »
Encore faudrait savoir... ce qu’il pense exactement de moi.
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