Caractère
J'aime explorer le monde, voyager et me perdre dans les paysages merveilleux de notre monde. Je pense énormément à ma famille. Pas vraiment celle qui a bercé mon enfance, mais celle que je me suis créée, celle qui m'a accompagné et à embrasé chaque seconde de ma vie de flammes pourpre à la chaleur chaleureuse. Je les défendrai au péril de ma vie. J'ai également ouïe dire que je suis charismatique, mot que j'utilise désormais pour me définir. Je suppose que les gens ont remarqué ma prestance ? Ça me fait plaisir, en tout cas. Pour finir, je suis un très fin gourmet... Je serai capable de vous citer les meilleurs rhums du pays, les mets les plus raffinés pour chaque région. J'ai été gâté par les dieux pour mes papille gustatives.

Aux antipodes de mes qualités, j'ai, comme la plupart des êtres sur cette terre, des défauts que j'aimerais un jour pouvoir retirer de ma personnalité. Même s'ils font partie de moi et que sans eux, je ne serai pas la même personne.

Je n'aime pas réellement le changement. On dit de moi que je suis quelqu'un de conservateur, que j'évite au maximum les changements tant sur le plan moral que social. J'aime bien rester avec mes traditions, ma vision idéologique des choses, mais c'est par moment assez frustrant lorsque l'on vous demande toujours " Pourquoi ? " et que la seule réponse que j'ai à donner consiste à dire que je n'ai pas envie.

La diplomatie peut être comptée dans les qualités, seulement j'ai tendance à l'être à outrance. À l'être dans des moments où il n'y a pas lieu de l'être, parler avec un langage soutenu plutôt régulièrement. Je fais des efforts là-dessus, mais la vie m'a appris à être un homme habile, fin et avec beaucoup de tact... Pardonnez-moi pour l'être trop souvent, sans vraiment me laisser aller à la plaisanterie.

Je suis une personne assez confiante, sûrement trop même. Je ne sais pas si j'ai confiance en mes capacités physiques, ma manière d'aborder les événements, en ma dextérité, ma façon d'élaborer des stratégies, mais lorsque je fais quelque chose, je suis persuadé que c'est la bonne chose à faire. Ce qui amène souvent des situations cocasse ou des situations qui peuvent s'avérer dangereuse. Ça contraste beaucoup avec l'image du diplomate censé être précautionneux. Enfin, je suppose qu'il y a pire comme défaut, après-tout. Serais-je un bon capitaine de ce fabuleux navire si je n'avais pas une telle confiance en moi ? Serais-je le chef des pirates de Khor si je n'avais pas une confiance presque aveugle en moi ? La seule personne en qui je délègue ma confiance est Sehun, mais lui, c'est une autre histoire. Il est presque aussi apte que moi à diriger ce vaisseau.

Pour terminer, je suis bien trop possessif envers les personnes qui comptent à mes yeux, mon équipage en somme. Ils sont les personnes les plus précieuses de mon univers et j'ai tendance à impliquer un peu trop de ma personne à l'intérieur de leurs histoires personnelles. Mais je ne veux pas en perdre un seul, pas un seul membre de mon équipage, pas un seul ami, pas une seule personne proche de mon cœur. Je peux être un peu trop curieux par moment, vouloir qu'ils soient là pour moi, mais au fond, je ne veux que le bonheur de ces êtres merveilleux.

Story

Mes pupilles se déversent sur l'étendue infini d'eau qui se dresse face à moi. Je m'assois en tailleur sur la proue, déposant mes mains sur les côtés de mon corps, perdant peu à peu mon regard dans la beauté azurée de l'océan Soma. Mes paupières se ferment avec délicatesse, mon visage se relève vers le ciel, mon esprit s'éloigne de l'instant exquis. Mes lèvres s'entrouvre légèrement, laissant seulement un soupir attendrissant s'extirper. Les rayons du soleil frappent mes paupières, je me sens m'en aller, rêvasser.

« Maman, papa ? Vous faites quoi ? »

Les mains sales, boueuses, mon short déchiré, le visage égratigné, mes yeux restant collé au dos de ma mère, s'éloignant de plus en plus. Je suis là, mains et genoux au sol après m'être fait jeter par mon père dans la forêt. Mon dos a frappé le tronc d'un arbre, la pluie mouillant ma chevelure courte, salissant les vêtements que maman m'avait acheté. Un sentiment d'incompréhension me gagne tandis que mes yeux restent figés. Ma mère à côté de mon père, le bruit de leurs pas dans la boue, éclaboussant mon visage, ceux-ci s'en allant lentement.

« Pourquoi vous partez ? Hé, papa ! Pourquoi tu m'as jeté au sol ?! »

Mes petits bras tremblent, mes genoux me font mal, ma tête me frappe de plus en plus intérieurement, je ne comprends juste pas... Je me relève avec difficulté, redressant ma jambe droite avec laquelle je prends appui pour me relever. Je passe ma main à l'intérieur d'une flaque de boue, prend de la terre que j'arrache avec l'herbe autour et forme une petite boule que je balance sur mes parents. De toute mes forces, je balance cette boule que je vois frapper le pantalon de mon père. Il s'arrête, lâchant le poignet de ma mère et se retourne, ses yeux perçants les miens. Des larmes ? Ou bien est-ce la pluie coulant le long de son visage qui me donne cette impression ? La froideur de son regard mélangé à l'instant incompréhensible, l'averse rendant le tout terrifiant.

« Tu n'es qu'un fardeau pour nous, essaye de survivre ou meurs ici, je n'en ai rien à faire. Je n'ai jamais voulu de toi. »

Mes yeux s'écarquille petit à petit, laissant tomber mes genoux sur la boue, la giclé salissant tout mon corps. Pourquoi m'avoir fait pour me dire de telles choses ? Et toi, maman, tu dis rien ? Je ne peux même pas apercevoir son regard, je ne vois que l'arrière de son corps dans sa robe ébène et rosâtre. Ses cheveux mauves longent son dos, sa main récupérant celle de mon père comme pour lui demander de continuer son chemin. Laisse-moi voir tes iris de bronze une dernière fois, maman...


J'aurai aimé le voir juste une dernière fois...


J'erre depuis un an, cherchant une raison à mon existence sur terre, cherchant une manière de survivre, contemplant les étoiles à chaque nuit éclairée par la lumière lune. Cela fait combien de temps que je ne me suis pas nettoyé correctement ? Quelques semaines, si ce n'est plus, le froid de la saison me forçant à limiter l'utilisation des sources naturelles qui doivent littéralement geler. J'ai froid, j'ai faim, je ne me nourris que de fruit récupéré sur des arbres, de pain dérobé aux villages environnants lors des marchés de ceux-ci. La fourrure que j'ai sur le dos ? Pareil... J'ai presque été attrapé une fois, mais j'ai réussi à m'échapper en me faufilant dans des petites ruelles grâce à ma petite taille.

Je continue mon avancé vers l'ouest, sans réellement me rendre compte que je me dirige en direction des montagnes de Snowllia, jusqu'à ce que je tombe nez à nez face à celle-ci. Mes yeux se relève vers le haut, se figeant dans le ciel gris, la brume environnante caressant mes pupilles. J'approche mes mains de mes lèvres, souffle à l'intérieur pour essayer de me réchauffer un peu. La vapeur s'échappe des brèches entre mes doigts, j'ai tellement froid. Mes yeux quittent le ciel et font face à la façade qui se dresse devant moi. Je dépose une main dessus, relevant la tête, un arbre à quelques mètres plus haut. Je dois escalader pour arriver à l'étage supérieur de la montagne, ou la contourner. Mais je suis si fatigué, si épuisé.
J'entends un bruit de pas aux travers des feuilles derrières moi, je me retourne et colle mon dos à la façade rocheuse de la montagne.

« Q-Qui est là ?! Si vous êtes là pour mes vêtements j'ai trop froid je peux pas vous les rendre ! »

Ma tête me fait souffrir, ma vue se trouble, mes poils se dressent et un frisson de douleur parcours mon corps. Mes paupières se ferment petit à petit, mes jambes titubent alors que je m'accroche à une prise derrière moi, essayant par tous les moyens de ne pas m'écrouler. Je plisse les yeux, ma respiration haletante, la sensation de chavirer. Un dernier instant, une dernière douleur, je goûte à un élan de brûlure le long de mon torse, puis vacille jusqu'à tomber face contre le sol.

Je peine à rouvrir mes yeux, comme si une force incontrôlable déposait ses doigts contre mes paupières, m'empêchant de les relever. Une silhouette sombre apparaît au moment ou, à l'aide de mes dernières forces, mes yeux se sont ou très légèrement ouvert. Une silhouette animale, un chat...

J'avais si mal, je voulais survivre.


Je glisse ma main à l'intérieur de la fourrure d'un jeune kitsune à mes côtés, allongé sur un lit de fortune, à l'intérieur d'une tente, haut sur la montagne de Snowllia. Je me redresse légèrement, embrassant le haut du crâne du renard, l'esprit apaisé. De la fourrure d'ours sur les épaules, je me lève et m'approche de la sortie de la tente, passant ma main sur le tissu pour l'ouvrir. Je dépose un pied en dehors de la tente, un vent de givre me frappant de plein fouet tandis que mon corps commence à se faire recouvrir d'une neige d'un blanc immaculé. Je referme la tente et me retourne, avançant le bras sur le visage, au sein de la tempête de neige. Ça fait déjà quelques heures que Yona est partie chercher des vivres pour la soirée, je m'inquiète légèrement. Mes pas s'enfoncent dans la neige, mes pieds brûlant d'un froid édifiant, comment est-ce possible de vivre ici ? Même après cinq mois je n'arrive pas à m'habituer ne serait-ce qu'un peu.

« Woon ! »

Une petite voix au loin me parvient, je distingue une ombre à une dizaine de mètre devant moi.

« Retourne à la tente idiot ! »

L'ombre se rapproche de plus en plus de moi, puis, Yona apparaît devant moi, quittant le brouillard grisâtre, panier bondés sous les bras. Ses yeux se déposent sur les miens, ses sourcils glissants vers le bas. C'est vrai qu'elle m'avait dit de ne pas sortir et d'attendre son retour, mais je m'inquiétais... D'un mouvement de tête elle me demande de faire demi tour, je m’exécute, visage vers la poudre ivoire.

Nous avançons sans un mot, seul le bruit du désarroi venteux caresse mes oreilles, je sais que je vais me faire engueuler. Nous arrivons devant la tente qu'elle ouvre sans attendre, déposant ses deux paniers d'osier au sol et s'approchant du renard. Je referme la tente et m'assois en tailleur juste devant le renardeau.

« Je t'ai dit quoi ? De ne pas sortir tout seul par ce temps et de t'occuper, de veiller sur lui pendant que je cherche à manger. Tu n'en fais qu'à ta tête. »

Ce n'est pas ça Yona, je voulais te revoir, tu étais toute seule dans la brume effrayante de la tempête, j'avais besoin de te voir, de savoir que tu allais bien, que tu n'étais pas en danger même si je ne sais pas ce que j'aurai fait...

« Pardonne moi. »

Mais tu as raison, je ne vais rien dire, je ne veux pas que tu me refasses la morale, je connais mes erreurs. Mes pupilles se déversent dans les flammes de la chandelle entourée d'un verre transparent, je ne veux pas que tu te sépares de moi, tu m'as recueilli et protégé, merci Yona.

Je n'en faisais qu'à ma tête aussi. Mon désir de liberté s'est montré assez tôt, elle l'a bien compris. 

« Ta posture, Woon. »

Je me redresse et positionne mon dos droit, accorde mon bras droit avec ma jambe droite, serrant le bâton fermement. Mes iris fixent l'arbre devant moi, mes sens sont en alerte, je n'attends que le signal de Yona.

« Frappe ! »

Je recule d'un pas ma jambe gauche, prend appui sur celle-ci et élance mon bras, abattant le bâton  contre l'arbre. Où plutôt, freinant la course de mon bras juste avant de le frapper, laissant entendre un petit écho de bois contre bois. Le côté droit du chêne laisse s'écrouler un peu de neige alors que je reprends ma position.

« Frappe! »

Même chose, je prends appui sur ma gauche, élance mes deux bras cette fois-ci, et frappant le côté gauche de l'arbre, puisant sur la force de ma jambe droite afin de contourner le tronc. Je freine l'avancé de mes bras et laisse simplement le bout du bâton cogner le chêne. Mes avant-bras, mes biceps souffrent, ma respiration calme jusqu'ici s'accélère à l'arrêt de l'exercice.

« C'est très bien. Prend une posture de combattant maintenant »

Je cambre légèrement le dos, plisse les jambes, le poids de mon corps se déposant sur mes rotules. Jambe gauche vers l'avant, je passe le long bâton derrière mon dos empoigné dans ma main droite, en diagonal de mon corps.

Yona allonge ses bras, bâton entre les mains, face à moi. Son regard se dépose dans le mien, ses lèvres s'ouvrent délicatement.

« Brise le en te servant de mon enseignement. »

Je lance mon bras droit, joignant ma main gauche à celui-ci afin de faire tournoyer deux fois le sceptre entre mes mains, l'ébranlant d'un coup puissant en accordant mon esprit à ma, encore très faible, force. Mon bâton transperce le bois du sien, frappant le sol bruyamment et se brisant par la même occasion. Je n'ai pas réussi à freiner sa course, ni à contrôler la force que j'ai mise dedans... Je relève la tête en direction de Yona, celle-ci me dévisageant toujours autant avant de s’esclaffer ouvertement.

« Pas la peine de te moquer hein... »

Sa main se dépose sur ma chevelure violacé, sa deuxième main sur ma joue, ses lèvres se collant à mon front.

« Mais non, c'est très bien. En quelques mois tu as bien progressé, ces trois années avec toi m'ont rendu vraiment heureuse. Allez, retournons au campement, ils doivent nous attendre pour le dîner. »

Les dieux ont été si clément avec moi de m'avoir offert la possibilité de vivre une vie aux côtés de cette tribu de kitsune.

« Zaab, prend à droite avec Woon, moi je vais passer de front et essayer de faire l'appât si ils se retournent. »

Aujourd'hui nous avons décidé de chasser avec Zaab et Cendre, ramener à notre tour à manger au campement. Ils sont les amis les plus chères que je possède, même si je pourrai dire que tout le camp est ma famille. Ils m'ont conseillé lorsque je ne pensais qu'à mes anciens parents, ils se sont amusés avec moi, ils se sont entraînés avec moi. Je les aime plus que ma propre vie.

Je cours à côté de Zaab, suivant à la trace un petit groupe de sanglier, cherchant à les encerclés et découper leurs chairs pour le dîner. J'ai seize ans, je me suis entraîné durant des années au combat, à la chasse, mais j'ai toujours été accompagné par Yona. Aujourd'hui nous sommes livrés à nous-mêmes dans cette forêt au pied de la montagne.

J'ai troqué mon bâton pour une lance à pointe de bois bien aiguisé, arme qui m'est bien plus utile pour la chasse. Mes jambes se raidissent, d'un hochement de tête en direction de Zaab qui acquiesce également, et je bondis face aux marcassins et à la mère qui s'arrête devant moi. Un grognement, elle se prépare à charger.

Un bruit horrifiant, un grommellement de terreur, Zaab et Cendre ont sauté sur le sanglier lui perçant le dos, puis l'abdomen à l'aide d'un couteau et d'une lance. J'essaye de rester impassible, de rester dans un calme imperturbable, mais la douleur que ces animaux ressentes me font toujours aussi mal. Pourtant, c'est la nature, nous avons besoin de tuer pour manger, malheureusement le monde est fait ainsi.

« Tu t'occupes des petits au moins ? Déjà que vous n'avez pas respecté le plan, fait quelque chose au moins. » Me lance Cendre.

Elle a raison. Je m'abaisse et attrape un marcassin, posant la pointe tranchante de ma lance contre sa carotide, tranchant celle-ci en fermant les yeux, mon visage éclaboussé d'un sang écœurant. Je m’exécute à nouveau pour les deux derniers marcassins, observant du coin de l’œil le sanglier perdre la vie. À l'aide d'une corde, nous attachons son corps entièrement, passant autour de son ventre, ses pattes, son cou. Nous déposons également les marcassins à l'intérieur d'un grand sac que j'entoure à ma taille.

« On tirera chacun son tour. »

Bien évidemment Cendre que l'on va tirer chacun notre tour, je ne vous laisserai pas porter sa dépouille tout le long du chemin. J'attends quelques secondes, regardant avec un sourire au coin de lèvres, ces deux se disputer sur la manière dont ils doivent faire. Ils passent la corde autour de leur torse, posant les mains sur la corde pour ne pas qu'elle remonte sur leurs gorges ou bien qu'elle leurs fassent trop mal en appuyant sur leur peau.

« Aller, allons-y, ils vont être content ! »

Leurs doigts se déposent en dessous de leur nez, souriant en me regardant après mes mots. Je suis si heureux d'avoir une telle famille.

On avance petit à petit, sans presser le pas, parlant par moment des instants drôles qui se sont passés, avant de ressentir une main dans mon dos, un frisson, je me retourne et voit mes deux frères sur leurs gardes, regardant les environs.

« On est encerclé... »

Hein ? Il est vrai que vos sens sont plus aiguisés que ceux des humains, vous avez sûrement entendu du bruit ou des mouvements suspect. Le bruit d'une branche qui craque à ma gauche, je met ma lance dans mon dos et me positionne pour combattre, me rapprochant de Zaab et Cendre, étant chacun dos à dos.

« Quel dommage de tomber sur nous au retour d'une si belle chasse pour des adolescents. Vous voyez les gars ? Ça, ce sont des kitsune, et ça va nous rapporter énormément si l'on revend leurs fourrures. »

De quoi il parle ? Un homme encapuchonné sort de l'ombre de la forêt, accompagné de six autres type autours de nous. Je cherche un endroit pour fuir, mon rythme cardiaque s'accélère énormément, je commence à stresser et à ne plus réellement savoir quoi faire. Il faut que je me calme, que je repense aux enseignements de Yona, mais je ne pensais pas avoir affaire à un danger comme celui-ci lors de ma première réelle chasse avec eux.

« Certains humains sont vraiment... Vous me donnez la gerbe. Vous pensez qu'on va se laisser faire ?! »

Un soupire, je jette un œil à ma gauche, écoutant les mots de Cendre, son tempérament de nerveux ressortant même dans cette situation pesante.

« Écoutez, je vais balancer une bombe de fumée au sol, on va se servir de ça pour s'enfuir, trois contre sept on a aucune chance, ils ont l'air assez engagés dans leur idée. Se faire attaquer a toujours été une possibilité pour moi. »

Son léger murmure dévoile son plan, bien pensé. Ils vivent réellement dans la peur constante de se faire attaquer par des rats comme eux ? C'est terrifiant. Je hoche la tête, Cendre suit le pas, puis un bruit assourdissant et un nuage de fumée, les cordes les rattachant à la dépouille se détachant tandis que je laisse le sac au sol, bondissant vers le haut.

« Kuh... Suivez-les ! »

Les mains de Cendre et de Zaab attrape les miennes, ceux-ci pouvant sauter plus haut que moi, m'aide à gagner de l'élan pour m'accrocher à une branche. Je ne suis pas aussi agile qu'eux, mais j'essaye de les suivre, sautant de branche en branche avant de descendre sur le sol, la course étant plus simple à terre. Je retourne ma tête, ne voyant plus ces bandits essayer de nous avoir, ils nous auraient laissé si facilement ?

Après une dizaine de minute de course, je m'arrête,  déposant ma main contre la façade de la montagne, le souvenir de ma personne, main contre cette même façade à un autre endroit de la forêt apparaissant dans mon esprit.

« Je pense que l'on est un peu plus en sécurité ici, mais on n'a pas beaucoup de temps. Prend ta respiration Woon, ça va aller. On est à combien d'heure du campement si on part maintenant en se dépêchant, Zaab ? »

« J'en sais rien, mais on devrait... Cendre attention ! »

C...Cendre ?

« Ah...ah... C'est... Rien, partez... »

Ses paupières se referment tandis que la lame transperce férocement son dos, ses poumons, son thorax. Son grand corps de deux mètres renforçant l'image horrifique d'un démon à l'apparence humaine, sa capuche tombant vers l'arrière laissant apparaître un visage pâle, des cheveux gras boucané, un sourire narquois. Le visage ensanglanté, le corps inerte de mon frère empalé sur son sabre. Son sang pourpre coule de ses lèvres, pourquoi je dois assister à une scène si horrible ? Pourquoi on m'enlève quelqu'un sous mes yeux ?

« Grouille toi gros con ! »

Mon bras se fait attraper par Zaab et je recommence à courir, les larmes coulant toutes seules le long de mes joues, sans un bruit, le visage inexpressif.

« Z...Zaab ! Ils l'ont tué ! »

Aucune réponse, il s'en fout ?! Non, c'est pas ça, il pense juste à survivre, il est plus intelligent que moi, il doit sûrement souffrir encore plus que moi aussi.

« Vous pensez avoir une chance nous échapper ? »

Deux hommes à notre droite, je pousse sur mes jambes, mais ils sont si rapides, ont l'air bien plus puissant que nous, combattre serait une défaite à cent pourcent, un allé simple pour le second monde. J'arrive à passer légèrement devant Zaab, attrapant à mon tour son bras pour le faire se rapprocher de ma vitesse, fixant son visage un instant. Les yeux fermés, le visage terne, comme s'il avait perdu tout envie de se battre.

« Ils n'en veulent qu'à notre fourrure, c'est tout ce que l'on est pour eux... Tu peux t'en sortir, tu n'es pas un Kitsune, je vais essayer de les retenir un peu. Adieu, tu diras à ma mère que je m'excuse d'avoir été si méchant avec elle tout à l'heure. Dis-lui que je l'aime, puis à mon petit frère aussi... J'aime tout le campement, je t'aime Woon.  J'espère ne pas te revoir de sitôt ! »

Son bras s'arrache de ma main, posant sur ma paume son médaillon avant de freiner et, à l'aide de son couteau, bondit et tranche le poignet d'un des hommes à ma droite. Je continue ma course, regardant devant moi, ignorant ce qu'il se passe derrière. J'ai peur, je veux aller l'aider, mais je sais qu'il a raison et je ne veux pas qu'il se soit sacrifié sans raison... Ou bien est-ce seulement moi qui ne souhaite pas mourir ? Je ne sais pas, je ne veux pas regarder derrière moi, mais ma curiosité malsaine me pousse à le faire. Un flot de sang gisant sur le sol, une envie de vomir, je regarde devant moi, m'enfonçant dans la forêt pour retourner sur la montagne. Comment vais-je expliqué que je sois encore le seul en vie ? Pardonnez-moi de ne pas avoir été assez fort pour vous aider à survivre. Ils sont morts pour ce qu'ils sont, le monde est abominable.

J'ai quitté la montagne ce jour-là. Ils ne savent pas ce que je suis devenu, peut-être que pour eux ils sont encore en vie ? Ma lâcheté m'a empêché de retourner les voir.

Mes premiers pas à Khor furent difficiles, je ne savais pas si je devais réellement intégrer un univers qui m'était si étranger... Enfin, l'était-il vraiment ? J'ai été éjecté de ma première famille qui semblait riche, appris à vivre seul, dans la forêt, dans le froid et à voler les gens qui possédaient pour subvenir à mes besoins. J'ai appris à combattre aux côtés de ma mère, à chasser, à me cacher des humains indésirables... Mais au final, s'ils n'étaient pas en manque de besoin pour vivre, auraient-ils choisi cette voie ?

Aujourd'hui je suis un pirate aguerri, j'ai rejoint le premier équipage qui recrutait, essaye de changer la mentalité de ces membres, mes compagnons. Ils sont pour la plupart des hommes orgueilleux, qui ont eu une vie difficile et souhaite voyager afin de vivre des aventures, de déverser leurs souffrances sur d'autres pour qu'ils ne soient plus seuls.

Désormais, j'essaye de mettre à contribution ma manière de concevoir la vie, d'entretenir un lien familial au sein de l'équipage. Je ne m'attache plus aussi rapidement qu'avant et je ne suis pas spécialement attaché à ces membres, mais le temps nous rapprochera tous, un jour. Je tente d'être le plus diplomate possible lors des transactions, des affaires avec d'autres navires pirates... C'est là peut-être que ma place est ?

D'aussi loin que je me souvienne, en six ans chez les pirates, je n'ai eu à trancher la gorge qu'à sept personnes qui ont essayé de nous dérober en étant eux-mêmes des gens défavorisés. Mes alliés, plus, beaucoup plus. Est-ce que je le regrette ? Je n'en suis pas sûr, maintenant que je vis au quotidien avec ces gens, mon expérience m'a aussi enseigné que malgré le fait que l'on ne choisisse pas de naître pauvre et de devenir une ordure, nous choisissons de le rester après un certain temps. Même si j'évite et éviterai toujours de blesser des gens vivants dans la pauvreté, parfois, c'est ma vie ou la leur.

Et de fil en aiguille...

Je quitte le bar et me dirige vers le port, les yeux bandés, poussé par Salim, l'un des membres de mon équipage. J'ai gravi les échelons, quitté mon ancien équipage avec les honneurs tandis que ces mêmes membres ont choisi de me suivre, le capitaine et père spirituel de nous tous, Heim, ayant décidé de quitter le milieu, prendre sa retraite.

Avec les autres pirates de la ville, nous avons établi un consensus pour n'attaquer que les navires présentant une quantité non négligeable de ressource, ceux-ci étant principalement quémandé par de grands actionnaire du monde diplomatique, des riches héritier ou de galetteux bien trop aisé. Même nous avons tous agréer à cette politique, il existe encore quelques érudits ne désirant que tuer et foutre la pagaille au sein de notre petit état... Mais comme dans chaque mouvement, il y a des molosses qui aboient dans le vide et cherche à nuire à notre cause, en plus de briser des vies.

« Garde les yeux fermer quelques instants encore. »

J'écoute ses mots alors qu'il détache mon bandeau, plissant bien les yeux. Le bruit des vagues frappant contre le bois, la tendre mélodie de la marée pénétrant mes oreilles, mon odorat appréciant l'arôme du bois de châtaignier. C'est le grand jour, aujourd'hui. Mon navire va enfin être inauguré après un an de travaux... Je n'ai que vingt-huit ans, j'ai été nommé chef des pirates de cette merveilleuse ville grâce à mes capacités d'adaptation, mon élocution, ma diplomatie ainsi que mon sens de l'honneur et mon désir d'acter pour une cause juste. Celle de ne nuire qu'aux riches qui encombrent ce monde alors que le reste de cette terre crève de faim.

« Trois, deux, un... Apprécie, capitaine. »

Mes paupières s'ouvrent, la lumière étincelante du soleil caresse mon iris, se reflète contre le bois alors qu'un sourire se dessine au coin de mes lèvres. La proue à tête de lion d'un doré immaculé, les contours des barrières d'un pourpre rayonnant. Je saute sur les cordes pendues du bateau et monte sur celui-ci. Mes pieds se posent sur le pont, le mât d'une dizaine de mètre, se perdant au milieu de la grandeur du ciel azuré.

« Il est aussi imposant et envoûtant que dans mes plus beaux rêves. »

J'avance d'une dizaine de mètre en direction de la pièce principale, prenant les escaliers à gauche de celle-ci, descendant dans la soute. Des dizaines de barils de rhum et vin en tout genre, si je m'en fie aux indications sur les tonneaux. Merveilleux. Je remonte et entre dans la pièce principale, lieu de vie commun, voyant tout mon équipage jeter son verre d'alcool en l'air, criant à ma gloire. Je passe une main dans ma chevelure, levant la main droite en guise de remerciement. Les vois s'apaisent, je racle ma gorge avant de prendre la parole.

« Nous allons accomplir de grandes choses, merci d'être à mes côtés. »

Je leur fais dos, serrant les dents quelques instants... J'aurai aimé voir les kitsunes présent ici, mais la voie que j'ai prise nous a séparé. Sans vous, je n'aurai pas été capable de devenir chef de cet équipage, chef des pirates. Sans vous, je n'aurai pas survécu un an de plus. Un jour je vous raconterai ce qu'il s'est passé cette soirée là, et ma vie sera entre vos mains.

Me voilà, maintenant, écumant les océans à la recherche d'aventure, de richesse, d'égalité, de justice, d'amour et de rhum.

Je rouvre mes yeux, m'étire et me relève, sautant vers l'arrière pour quitter la proue. Je passe mes mains derrières ma tête, caressant ma nuque. Ma vie n'a pas été des plus radieuses, mais j'ai eu la chance de toujours réussir à rebondir grâce à mes rencontres, à ceux qui se sont dressés sur mon chemin, qui m'ont accompagné et ont décidé de m'aider. Je ne suis qu'un homme s'étant fait arracher une jambe par la morsure de Soma, puis relevé et soigné par Kila. Je descends sur le pont, levant la voix... Il me faut un peu d'alcool.

« Hey, Sehun, viens boire un verre avec moi. »